LES METHODES D'EXTRACTION

La tradition rapporte que les carrières de marbre étaient en activité pendant l'occupation Romaine. C'est plus surement dans les premières années du XVIIème siècle qu'a commencé l'exploitation des marbres de Caunes avec la venue d'un sculpteur Génois : Stéphane SORMANO. Les techniques d'extraction du marbre au XVIIème et XVIIIème siècle restent identiques à celles mises au point pendant l'antiquité. Le travail exclusivement manuel ne connait pas de changements jusqu'à l'intervention du fil hélicoidal qui révolutionne le monde des carrières au XIXème siècle. L'ouverture d'une carrière est toujours précédée de sondages en profondeur qui permettent de vérifier la consistance du gisement, la qualité du marbre (sa couleur, son grain, ses défauts) et les possibilités d'exploitation. Après le choixi de l'emplacement de la carrière, la terre et la partie altérée de la roche sont enlevées pour faire apparaitre la zone saine du gisement. Lors de cette opération de découverte, le carrier crée un front d'extraction. Des entailles sont pratiquées dans la roche et des coins sont utilisés pour fendre la paroi. L'équarrisage des blocs et leur finition se faisait à l'aide de différents outils : ciseaux, tétu, bou, charde... Aujourd'hui les techniques mécaniques modernes ont fait leur apparition dans les carrières et même si l'on procède toujours à l'éboulement des fronts de roche sur des lits de déblais pour récupérer les parties saines, on découpe les blocs au câble diamanté à la vitesse de 40 mètres par seconde. ``

HISTOIRE ET GEOLOGIE DU MARBRE DE CAUNES

Le mot Marbre vient du mot latin « Marmor » lui même dérivé du grec " Marmarosò " qui signifie « pierre resplendissante », Ce terme indiquait n'importe quelle pierre lustrable. On comprenait dans l'appellation marbre, d'autres roches qui n'en sont pas du point de vue géologique telles que les granits, les basaltes, les albåtres... Toutes ces pierres sont classées dans les marbres antiques par opposition aux marbres modernes qui ne comprennent que les roches métamorphiques dérivées du calcaire. 

Les premières réalisations objets en marbre antiques remontent à l'époque néolithique (âge de la pierre polie). Les marbres, au sens moderne du terme se sont formés à partir d'un gigantesque dépôt de calcaire qui s'est réalisé entre la période du Dévonien supérieur et celle du Carbonifere inférieur, dans un intervalle de temps de 50 millions d'année, entre -380 et -330 millions d'années. En ces temps là, les alentours de Caunes étaient quasiment recouverts par la mer, seuls émergeaient les Goniatite fossile monts du Minervois. Dans cette mer peu profonde y vivaient de nombreux animaux et plantes et notamment les Goniatites, ancêtre des Ammonites et espèce de poulpe vivant dans une sorte de coquille, et les Orthocères, fossile avec lui aussi une coquille toute droite. 

Pendant des millions d'années, à leur mort, tous ces animaux et plantes se retrouvaient au fond de la mer et s'accumulaient les uns sur les autres, entrainés par les courants et formant des poches d'accumulation. Mélangés au plancton, ces dépôts se transforment peu à peu en calcaire dolomitiques. C'est un phénomène appelé métamorphisme qui sous l'effet de la température et de la pression exercée par les plaques souterraines et avec l'apport entre autre de l'oxyde de fer qui nous permet d'avoir ces couleurs et cette consistance que l'on connaît au marbre aujourd'hui. Les taches et les fossiles que l'on peut voir apparaître ont simplement été oubliées par le processus de métamorphisme comme par exemple le manganèse qui apparait sous forme de traces grisåtes ou noires.

Exploité déjà à l'époque romaine, il a beaucoup été utilisé dans les constructions médiévales, église et maisons bourgeoises de la région ainsi qu'en Espagne, on s'en servait pour construire chapiteaux, colonnes, retables, ainsi que beaucoup de décorations. 

L'incarnat de Caunes-Minervois est ce marbre rouge qui donne sa splendeur au Grand Trianon de Versailles. Le marbre issu de ces carrières fait l'objet d'un grand intérêt de la part du roi LOUIS XIV et de ses architectes, qui en fait un matériau privilégié pour ses palais en construction. Le marbre rouge, l'incarnat » de Caunes-Minervois, devient l'un de marbres français les plus connus et prestigieux, du fait de l'harmonie de sa couleur rouge rosé associée à la douceur de ses taches blanches. Il est très employé à Versailles, les pièces les plus connus sont les colonnes et les pilastres du Grand Trianon, on le trouve aussi dans les jardins comme pour une partie des colonnes du " Bosquet de la Colonnade ". Les encadrements rouges du pavement du dôme des Invalides à Paris sont également en incarnat de Caunes-Minervois. 

Ce marbre est aussi l'un des seuls marbres français qui s'exportait jusqu'en Italie, qui était le pays du marbre au XVIIeme siècle, et il y devint un marbre très apprécié des architectes et des décorateurs baroques. Ainsi par exemple, on peut le retrouver comme rouge de fond pour certains panneaux dans le décor baroque des piliers de la nef de la basilique Saint Pierre de Rome, ceux d'où se détachent des colombes en marbre blanc. 

En 1700, un édit de Louis XIV établit le monopole royal du matériau, se réservant entièrement la production de la carrière de Malecasse. Toutefois, comme seigneur foncier, l'abbaye de Caunes reste propriétaire du site et de son exploitation, exigeant même du roi le paiement d'un droit de fortage. Le site est aujourd'hui classé à l'inventaire des monuments historiques.